à Antoine EMAZ 

Des mots
Comme des vagues non préparées
Qui ondulent…

Des mots
Et des rebords de fenêtres
Et du vide…

Des mots
Sous l’aplat des étés
Couleur d’air…

Des mots,
Un bruit d’eau dans la gouttière
Du silence.

Des mots,
Une lumière glacée qui renvoie
Le soleil…

Des mots
Et la boue lourde du temps
Dans la marge.

Des mots
Dans les banlieues des corps
Dans la zone…

 Des mots

Qui parcourent les temps mous
Du plus tard…

Des mots
Tendus dans un ciel bleu pâle
Face aux murs…

Des mots
Comme pioches et pics qui parlent
Aux étoiles…

Des mots
Prisonniers du fatras du réel,
Peu d’espoir…

Des mots
Et un matin de mémoire d’eau
Et rien d’autre…

Des mots
Qui font des poèmes comme des pierres…
Murs et ruines…

Des mots…
Le silence des muets
D’avant les mots…
Au fond du vent,
« Un vent de mots qui poisse ».

                   Philippe Jacquemin